La charte éthique et déontologique
En tant que membre de l'Union Bouddhique Belge, Shikantaza ASBL souscrit à la Charte éthique et déontologique adoptée par celle-ci. Dans ce contexte, deux personnes de confiance ont été désignés parmi les membres de l'association. Il s'agit de Serge Delporte (s.delporte43(@)gmail.com) et de Sandrine Michaux (michauxsan(@)hotmail.com).
CHARTE ETHIQUE ET DEONTOLOGIQUE
Comportements inappropriés et abus dans les communautés bouddhistes
Version : 25-03-2018
1. Le constat
Les comportements inappropriés et abus peuvent revêtir différentes formes : économiques, physiques, psychiques, sexuelles, institutionnelles ou structurelles.
Nous sommes conscients que, dans le contexte spirituel, des formes de comportements inappropriés et d’abus peuvent se produire. Or, il est essentiel que chaque pratiquant puisse rencontrer le Dharma dans un environnement respectueux, sûr et bienveillant.
A cette fin, chaque personne exerçant une responsabilité au sein des associations membres de l’Union Bouddhique Belge est tenue de veiller au respect par tous de la présente charte. Celle-ci est basée sur l’exigence d’éviter toute souffrance et de promouvoir le souci du bien-être d’autrui.
Les statuts de l’UBB imposent à chaque association membre de veiller au respect en son sein de cette charte et à chaque enseignant de s’y conformer.
2. Politique générale de l’Union Bouddhique Belge
Cette politique s’articule autour de trois axes : recherche de qualité, politique de prévention et procédure à suivre en cas de signalement.
2.1.Objectif de qualité
- Approfondir périodiquement la présente charte grâce aux apports des associations
- Sonder et examiner la situation générale actuelle.
- Favoriser l’échange de bonnes pratiques avec les associations membres de l’Union Bouddhique Européenne
- Questionner et évaluer les narratifs[1] historiques, culturels et sociétaux qui induisent ou légitiment des comportements pouvant générer de la souffrance.
- S’entourer d’avis d’experts externes
2.2.Politique de prévention
- Conditionner l’adhésion des associations à l’UBB et la désignation en tant que conseiller bouddhique à la signature de la présente charte.
- Organiser des activités de formation et mettre à disposition de l’information en rapport avec la problématique du comportement inapproprié à destination des responsables des associations en offrant entres autres des formations, forums et échanges de bonnes pratiques.
- Encourager les associations à débattre en interne de cette problématique et à diffuser en leur sein le texte de la présente charte et toutes les informations utiles concernant les personnes ressources à disposition des pratiquants.
- Aider les associations qui en feraient la demande à mettre en place les mécanismes adéquats de vigilance et à rédiger un règlement d’ordre intérieur adapté à cet objectif.
- Publier sur le site web de l’UBB les coordonnées de points de contact externes indépendants spécialisés.
- Publier sur le site web de l’UBB les coordonnées de personnes (H et F) de confiance dans chacune des trois communautés linguistiques.
- Dresser une liste de thérapeutes et d’associations de référence.
2.3.Procédure à suivre en cas de signalement
A. Dès qu’un comportement inapproprié ou un abus est porté à la connaissance de l’UBB, comme au cas ou des indices sérieux de tels comportements apparaissent, les organes de l’UBB:
- consultent les responsables de l’association concernée ;
- prennent les dispositions utiles en vue d’assurer l’intégrité de toute personne concernée ;
- chargent le Conseil d’Ethique et de Déontologie d’une mission d’information en vue de documenter à bref délai le conseil d’administration afin de lui permettre d’évaluer :
- les initiatives à envisager en vue de procurer à la victime l'aide appropriée à sa situation spécifique ;
- les démarches à accomplir vis-à-vis de l’auteur des faits et de l’association concernée ;
- l’existence potentielle d’une infraction pénale et donc la nécessité ou non de dénoncer les faits aux services de police dans le cas où la victime s’en abstiendrait ;
- en cas de plainte au pénal, l’opportunité ou non de lever la suspension des fonctions.
B. En cas de plainte au pénal, sans préjudice à la présomption d’innocence mais dans un souci de précaution, prévoir contractuellement - pour le conseiller bouddhique rémunéré par l’Etat - l’obligation de suspendre immédiatement l’exercice de ses fonctions.
Encourager les associations à adopter la même règle vis-à-vis de leurs enseignants ou accompagnants bénévoles ou dont la rémunération n’est pas à charge de l’Etat.
C. Si l’auteur des faits et/ou l’association dont il dépend conteste(nt) les décisions prises par le conseil d’administration de l’UBB, il leur est loisible d’en appeler à l’arbitrage de l’assemblée générale, qui désignera le cas échéant les membres d’une commission spéciale chargée de lui faire rapport.
3. Comportements inappropriés et abus à caractère sexuel
3.1.Introduction
Les comportements inappropriés et abus à caractère sexuel sont un phénomène largement répandu dans la société. La plupart ont lieu au sein de la famille, mais ils se produisent aussi dans les institutions, organisations, associations et clubs (sportifs) ou dans l’environnement professionnel. Les milieux convictionnels ne sont pas non plus épargnés par ce phénomène.
L’environnement spirituel se caractérise par plusieurs facteurs susceptibles de donner lieu à des comportements inappropriés ou à des abus et de les faire perdurer (position, charisme et « solitude » de l’accompagnateur, vulnérabilité et dévotion de la personne accompagnée, intimité de la relation d’accompagnement, profondeur du processus d’évolution spirituelle qui touche de nombreux aspects de la personne, etc.).
Les comportements inappropriés et abus à caractère sexuel :
- provoquent beaucoup de douleur, de souffrance et d’effets négatifs pour les intéressés et pour leur communauté,
- sont incompatibles avec les règles de vie éthiques de la tradition bouddhiste, règles qui impliquent que des relations ne peuvent causer de dommage ni à des tiers ni à soi-même ;
- manifestent le plus souvent un problème structurel au sein de la communauté (ignorance, déni, communication interne peu claire, rumeurs, relativisation des faits, secret, etc.).
3.2.Définitions utilisées [2]
Qu’entend-on par « comportement sexuel inapproprié ?
Comportement sexuel inapproprié : toute forme de comportement sexuel ou de rapprochement sexuel, au sens verbal, non verbal ou physique, ne répondant pas à au moins un des six critères suivants : consentement mutuel, caractère volontaire, équivalence des personnes, adéquation au contexte, adéquation à l’âge ou au développement des personnes concernées et, enfin, sauvegarde de l’estime de soi de la personne impliquée.
Qu’entend-on par « abus sexuel » ?
On entend par « abus sexuel » toute forme de comportement sexuel inapproprié, qu’il soit verbal, non-verbal ou physique, intentionnel ou non intentionnel, pour lequel il n’existe pas de consentement mutuel et/ou qui d’une manière ou d’une autre est imposé, et/ou où la victime est beaucoup plus jeune ou se trouve dans une relation de dépendance.
Qu’entend-on par « grooming » ?
On appelle « grooming » le processus dans le cadre duquel l’auteur isole sa victime et la prépare sciemment à l’abus. L’auteur s’efforce peu à peu de gagner la confiance de sa victime et d’estomper systématiquement les frontières entre eux. Ce processus peut durer des semaines, des mois, voire des années. L’auteur essaie de se rapprocher progressivement, de manière à faire taire la victime. Le processus de grooming est insidieux, car il donne l’impression que la victime « collabore de son plein gré » à l’abus.
3.3. Principe de précaution
Dans la relation d’enseignement, il n’y a pas « d’équivalence des personnes » dans le sens où elles n’exercent pas les mêmes responsabilités et où l’enseignant est en position de pouvoir en sorte que, dans son chef, toute démarche de séduction comme toute approche sexuelle est inappropriée. L'enseignant est un "ami spirituel" qui guide, accompagne et protège les membres de la sangha. Conscient de son rôle et de sa responsabilité, il adopte dans ses rapports avec ses disciples un comportement irréprochable, exempt de propos ambigus ou inappropriés. Il s'abstient également de questions ou de confidences inopportunes. Peu importe que les personnes concernées partagent un sentiment d’égalité ou même que l’étudiant soit à l’initiative du rapprochement, toute relation sentimentale entre un enseignant et un pratiquant est de nature à compromettre le déroulement adéquat de la relation d’enseignement et peut être cause de souffrances pour les deux personnes, comme pour toute autre personne concernée par la situation et même pour la sangha dans son ensemble.
Dès lors, la relation d’enseignement doit cesser avant que soit nouée toute relation sentimentale entre l’enseignant et l’un des pratiquants envers lesquels il exerce une responsabilité. Il appartient évidemment à chaque association de préciser en son sein les modalités adéquates pour assurer le respect de ce principe déontologique qui est également d’application pour certains autres professionnels confrontés à des situations semblables, tels notamment les psychothérapeutes.
[1] Emprunt à l’anglais « narrative »: ensemble des récits, croyances et discours dominants au sein d’un groupe ou d’une communauté, justifiant une représentation (subjective) de la réalité. Cette représentation a pour objectif de conforter l’identité, la cohésion et les intérêts du groupe, de la communauté ou de ses leaders. Connotations: fables, contes, mythes, fiction.
[2] Définitions du Internationaal Centrum Ethiek in de Sport vzw (ICES), une organisation reconnue par le Ministre flamand des Sports en matière de la pratique de sport de façon éthique.
Voir : http://www.ethicsandsport.com/
Voir également : http:/voicesfortruthanddignity.eu/be/information/